Les tombes des professeurs universitaires à Bologne au XIIIe siècle : la construction d’une image de soi comme réactualisation d’un alter ego du passé

Abstract

La représentation de soi à travers un alter ego, éloigné dans le temps et dans l’espace, est fréquente dans l’histoire ancienne et récente. Au Moyen Âge, cette pratique ne fonctionne pas seulement sur le mode de l’analogie, mais exprime souvent des liens plus profonds entre soi et la figure illustre à laquelle on se réfère, dans une perspective téléologique sous-tendue par la notion de translatio. Ainsi, les monuments funéraires (réels ou imaginés) des professeurs de rhétorique et de droit civil de l’université de Bologne au XIIIe-XIVe siècle rendent visibles les liens revendiqués avec les hommes illustres de l’Antiquité et avec les saints, et incarnent la conception que les magistri ont de leur fonction : ils sont des maillons dans la translatio studii, et donc les héritiers et les propagateurs d’un savoir d’origine divine visant au Salut des hommes.