Le fantomatique et le réalisme : les fantômes dans Bailuyuan (Au pays du cerf blanc) de Chen Zhongshi
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fr
Chapitre d'ouvrage
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Fantômes dans l'Extrême-Orient d'hier et d'aujourd'hui, Tome 2. 2017p. p. 279-298
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Résumé
Le roman Bailuyuan, dont la traduction française Au pays du Cerf Blanc est parue chez Seuil en mai 2012, a été publié en 1993, avec un succès immédiat auprès du public chinois qui en a fait un bestseller durant des années. ...Lire la suite >
Le roman Bailuyuan, dont la traduction française Au pays du Cerf Blanc est parue chez Seuil en mai 2012, a été publié en 1993, avec un succès immédiat auprès du public chinois qui en a fait un bestseller durant des années. Éditions après éditions, les ventes se sont envolées pour atteindre en quelques années au moins un millions d'exemplaires, si l'on ne s'en tient encore qu'à des éditions officielles. Il ne laisse non plus les critiques indifférents 2. Aussi, malgré des résistances pendant les premières années 3 , un nombre impressionnant d'articles apparaissent-ils dans des revues spécialisées, et des colloques organisés. Vingt ans après, le livre reste une valeur sûre en librairie, relancé périodiquement grâce à des événements, à la faveur d'une représentation, d'une adaptation en théâtre, de la sortie d'un film, etc. Les raisons de ce succès sont multiples. Malgré quelques voix discordantes 4 , l'immense majorité des critiques a d'emblée salué la naissance d'une oeuvre réaliste remarquable et les plus enthousiastes n'hésitent pas à qualifier l'oeuvre d'épopée. Effectivement, en prenant toutes les précautions nécessaires par rapport à ce terme, il n'est surement pas abusif d'affirmer que Bailuyuan remplit les critères d'une oeuvre réaliste, quelques fluctuants sont ces derniers selon les époques et les auteurs, et bien que les coups portés par le développement de la théorie littéraire d'une grande partie du 20 e siècle aient brisé en quelque sorte les mythes entourant cette notion. Mais toutes les réserves nécessaires n'ont pourtant pas anéanti une fois pour toutes un certain nombre de constantes de cette école, dont la non moins importante est, selon Jacques Dubois, « une exploration du réel, de figuration de l'Histoire, d'analyse de la société 5 ». En gardant à l'esprit toutes ces considérations, et pour éviter toute ambiguïté inutile, pouvons-nous également, comme d'ailleurs nous y invite et le fait J. Dubois, lui préférer l'expression « roman du réel ». Sous ce terme, nous mettons avant tout une profonde préoccupation vis à vis de la société, une vision critique de l'histoire, ainsi que le sens du détail. Vu sous cet angle, Bailuyuan présente indubitablement les caractéristiques d'une oeuvre réaliste. Pour mieux illustrer ces jugements, il n'est pas inutile de rappeler l'essentiel de ce récit. Ce long roman-d'environ un demi-million de caractères, huit cents pages dans sa version française, retrace l'histoire de deux familles de frères ennemis-les Bai et les Lu-durant la première moitié du vingtième siècle. Le lieu des actions n'a pas été choisi de façon fortuite, se déroulant dans un village de la province du Shaanxi, ce lieu fortement chargé tant du point de vue historique que culturel. Surtout l'histoire privée se développe sur fond de soubresauts historiques sans précédent, lesquels ont totalement transformé le visage de la Chine et bouleversé les ordres sociaux et moraux de la société chinoise.< Réduire
Origine
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